En faisant le choix de devenir artiste-entrepreneure, nous savons très consciemment que le chemin sera parsemé d’embûches et de défis de taille. Pour ces raisons, ce choix de carrière exige plus que pour la plupart des métiers, des réflexions de fond sur la volonté profonde d'emprunter cette avenue: précarité financière, investissement en temps, conditions de travail très fragiles, travail souvent solitaire, compétences transversales nécessaires, charge mentale élevée, surcharge de travail, etc.
Une fois avoir pris en considération tous ces aspects, on omet par ailleurs un aspect primordial qui nous accompagnera toute notre carrière : le déséquilibre homme-femme est encore omniprésent.
Après plus de 5 ans à se déployer dans le milieu des métiers d’art et de l’entrepreneuriat, nous réalisons chaque semaine combien les biais et certains préjugés sont encore bien ancrés et ce, même si la grande majorité sont des femmes (le 2/3 des membres du CMAQ sont des femmes, entrepreneures, établies en région). En ayant une approche intersectionnelle, nous constatons que nos personnalités plurielles jouent bien souvent contre nous. On entend par là le fait d’être une femme/artiste/entrepreneurE/d’un savoir-faire féminin et domestique (la courtepointe). À ces chapeaux multiples, on peut ajouter pour certaines le fait d’être mère, d’être issue de la diversité, d’être en situation de handicap, etc.
Les inégalités que nous vivons sont souvent insidieuses et peuvent prendre une foule de forme: manque de confiance en soi, pratiques artistiques moins reconnues et valorisées (ex: art textile), précarité en cas de maternité, charge domestique souvent plus importante à la maison (surcharge l’horaire de travail), sous-représentation des artistes (femmes) dans les galeries et musées, etc.
Disons qu’à compétence et détermination égale, on constate que les artistes-entrepreneures partent avec une longueur de retard en termes d’égalité des chances.
Nous n’écrivons pas aujourd’hui ce message pour nous apitoyer, loin de là. Nous écrivons ce message en guise de prise de conscience collective et individuelle. C’est en évoluant dans ce contexte que nous sommes fières d’être toujours debout (5 ans plus tard), à la tête d’une entreprise entièrement composée de femme. Nous écrivons également parce que nous tenons à faire partie de la prise de parole publique, qui exige que le milieu de l’art et de l’artisanat (professionnel.le.s et institutions) poursuivent leurs efforts dans la représentation égalitaire des artistes. Nous écrivons pour que les bailleurs de fond et les institutions financières prennent en compte ses enjeux d’intersectionnalité des sexes. Nous prenons la parole pour que les organismes derrières les marchés et les salons d’artistes mettent également ces lunettes dans leur organisation d’événement.
Malgré tout, ce que l’on retient avant-tout de l’écosystème des femmes-artistes que nous côtoyons, c’est qu’il est terriblement solidaire, coopératif, compétent, créatif, engagé, conscientisé et déterminé. En guise de conclusion, voici quelques artistes-entrepreneures qui font un travail exceptionnel qui mérite pleinement d’être souligné: